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Canel
27 septembre 2021

~ La fille qu'on appelle, Tanguy Viel

tvLes Editions dela fille Minuit, 2 septembre 2021, 180 p.

♥♥♥♥♥

La fille qu'on appelle, qu'on tutoie, qui se fait baiser au sens propre (salement, par des porcs à balancer) comme au figuré, c'est Laura.
Laura, vingt ans, fille du boxeur Max le Corre. L'ancienne star locale émerge à peine d'une traversée du désert de quinze ans, lors de laquelle monsieur le Maire a eu l'obligeance de l'employer comme chauffeur personnel.
Naïf, Max pense que cet homme aidera aussi sa fille, de retour au pays. Elle a besoin d'un logement, et pourquoi pas d'un travail.
Le piège se referme, d'autant plus facilement pour les prédateurs que le CV de Laura, déjà un peu chargé malgré son jeune âge, fait d'elle une proie idéale.

On pense bien sûr à une affaire récente, impliquant un ministre, haut (mais mal) placé. Une des plaignantes était escort-girl. De là à dire qu'elle a provoqué, profité, et a voulu ensuite faire du chantage, il n'y a qu'un pas. Une aubaine pour la défense du coupable... pardon : du présumé innocent.
Idem pour DSK et ses violences sur prostituées, ou Patriiick B et ses demandes appuyées à des masseuses avant d'entrer en scène. 'Enfin mesdames, vous l'avez bien cherché ! Changez de métier !'
Ben voyons...
« On ne pourrait s'empêcher de la traiter, elle, de pute, et (...) en le disant, chacun ferait pencher la balance du côté des forces de la nature, c'est-à-dire le fardeau du désir des hommes impossibles à rassasier, et la mesquinerie des femmes à en profiter. »

Dans ce roman habile et intense, Tanguy Viel montre parfaitement le mécanisme d'emprise, la spirale, ce jeu à somme nulle, la 'responsabilité' de chacun où les plus puissants sont souvent (toujours ?) vainqueurs.
Le personnage de Laura - jeune femme aussi déterminée que prisonnière d'un déterminisme social - est suffisamment complexe pour captiver le lecteur, et l'inviter à se poser 1 000 questions, notamment autour de ce fameux terme de 'consentement', comme ces policiers, perplexes, devant qui elle dépose sa plainte.
« (...) de certaines actions, non, décidément, on ne démêlera jamais le noeud noir qui nous y pousse. »
« Elle n'avait parlé ni de viol ni de proxénétisme, encore moins de trafic d'influence ou d'abus de faiblesse, mais seulement décrit dans l'ordre la sinueuse et progressive emprise qu'il avait eue sur elle. »

Des questions, on ne s'en pose pas en revanche face aux comportements immondes du maire et de ceux qui lui servent la soupe, ces magouilles, ce donnant-donnant implacable, impitoyable. On sait comment ça fonctionne. Alors on est juste dégoûtés, révoltés et en colère, jusqu'aux larmes, à la nausée.

Seulement 4.5/5 parce que le style de Tanguy Viel est un peu too much, parfois. Il faut s'accrocher sur certaines phrases qui se traînent sur une demi-page, et trop de métaphores, aussi bien choisies soit-elle, c'est lassant.

Mais presque un coup de coeur, quand même, pour cette intrigue sociale qui m'a rappelé Maupassant et un roman de Bernard Clavel poignant (Le Voyage du Père).
J'avais également été séduite par Article 353 du Code pénal, de Tanguy Viel (pas encore billetté), qui donne un peu plus foi en la Justice que celui-là.

Je vous invite à découvrir le génial billet de Bookycooky sur Babelio - je n'ai pas encore lu tous les autres.

___-

agenda2

25 & 26 sept.

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Commentaires
G
Coup de coeur aussi pour mon groupe de lecture, j'ai hâte de le découvrir
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