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Canel
22 février 2024

~ Vers la violence, Blandine Rinkel

vers la violenceFayard, août 2022
vers la violence2Le Livre de Poche, 31 janvier 2024, 288 p.

♥♥♥♥♥

Des textes effrayants sur la cruauté parentale, j'en ai lu beaucoup - de Hansel & Gretel au roman d'Adeline Dieudonné La vraie Vie, via Poil de Carotte (Jules Renard) et Vipère au poing (Hervé Bazin).
Celui-là me semble frôler l'absolue perfection.
Tout y prend vie avec les mots justes, une précision redoutable, et sans chichis : ce père terrifiant, la mère douce & aimante mais beaucoup trop passive, le chien, leur coin de Vendée où se mêlent mer et forêt. Et bien sûr la narratrice, Lou, prise au piège de cet environnement aussi fabuleux que toxique. Comme tous les enfants, elle ne peut pas se rendre compte qu'une famille, ça ne devrait pas être ça : marcher sur un fil, au-dessus d'un gouffre, tandis que la main du père se tend ou se dérobe de manière imprévisible (quand elle ne menace pas de pousser vers le vide).
Son père est son héros : il lui invente un monde, lui raconte des histoires, ils sont complices. Et l'enfant ne mesure pas la violence des jeux & défis qu'il lui impose. Elle souffre en silence, se pince en douce pour ne pas pleurer, attend de se retrouver seule pour se laisser aller.
bl riAlors oui, elle épousera Gérard, son père, comme ils se le sont promis. Non, elle ne sera pas une 'fillette', et préférera le judo à la danse. Elle comblera des deuils, remplacera des défunts, perpétuera l'histoire de la famille paternelle, imposera à son corps une discipline de fer, etc.

Terrible récit d'une emprise, celle d'un "fou" sur sa propre fille, d'un doux dingue aussi lumineux qu'obscur.
Un soleil noir, un ogre, un loup, un prédateur, dont Lou découvre peu à peu, à mesure qu'elle grandit, les faiblesses sous la cuirasse - mais trop tard, le mal est fait, cette jeunesse l'a aguerrie mais aussi brisée.
En regardant la biographie de l'auteure, je découvre un parcours proche de celui de Lou, ce qui ne manque pas d'inquiéter.

Brillant, parfois insoutenable.
En tout cas époustouflant de maîtrise : Blandine Rinkel n'avait que trente ans lorsqu'elle a écrit ce texte.
Encore sous le choc, je vais m'empresser de lire L'abandon des prétentions.

____

agenda2

20 > 22 février  •  Blandine Rinkel, le 17 janvier 2017 - photo de Roberto Frankenberg pour Libération

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