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Canel
24 février 2024

~ La poupée qui fait oui, Agnès de Clairville

la poupée

agnèsHarpers Collins Poche, 2022, 250 p.

♥♥♥♥♥

Immersion absolue et immédiate dans cette histoire qui commence par un bizutage en 1985, avec jet d'oeuf, d'huile et de farine, assorti d'allusions graveleuses et de jeux humiliants à connotation sexuelle et/ou scato.
J'ai vécu le même en 1986, de manière totalement inattendue dans l'IUT d'une ville côtière bretonne, avec la complicité et la bénédiction d'enseignants rigolards. Ça voulait jouer à la grande école d'ingé, de commerce ?
« Je garde un sourire bon enfant pour montrer que je m'amuse. » On évite aussi/surtout, de ne pas se faire repérer pour ne pas devenir la tête de turc, celle qui va devoir faire un strip-tease sur l'estrade - clou du spectacle après divers défilés.


On devine qu'Arielle est une élève brillante puisqu'elle intègre cette école d'ingénieurs agronomes dès l'âge de seize ans. Est-ce cette immaturité qui la pousse à vouloir séduire ? veut-elle entrer dans la cour des grands ? est-elle éblouie par ce changement de vie, elle qui passe d'une vie feutrée catho-versaillaise à ce 'campus' peuplé de jeunes qui, enfin loin du regard parental, entendent désormais faire la fête, danser, boire, fumer, baiser ?

Depuis la puberté de mes enfants, les romans ou BD mettant en scène la sexualité adolescente me gênent terriblement. Je les évite ou abandonne si je n'avais pas compris le propos avant de commencer : les balbutiements sexuels des jeunes ne me regardent pas, sauf si on sollicite mon avis.
Ici, c'est différent : c'est moi que je (re)voyais, puisque tout, dans ce roman, m'a ramenée à 'mon' époque, à mes propres difficultés d'alors pour mettre un pied dans cet aspect du monde adulte - pas le plus simple. On peut s'y perdre, s'y noyer, sans que quiconque puisse aider, à défaut de voir au delà de cette « presque normalité » : si quelque chose ne fonctionne pas, c'est de ma faute, forcément, alors il m'appartient de sauver les apparences.

Le comportement de Françoise m'a d'abord interpellée puis mise en colère. Je ne le comprends pas. Pourquoi tout faire pour maintenir le loup dans la bergerie, jusqu'à laisser sa propre fille s'y brûler les ailes ?
A contrario, l'incompréhension entre Arielle et sa mère m'a émue aux larmes, cet orgueil de gamine qui dépérit sous les yeux de ses parents mais ne lâchera rien est aussi insupportable que bouleversant - mais hélas compréhensible. L'adolescence est une période terrible pour la jeune fille mais aussi pour sa mère, qui revit la sienne, ses erreurs, mais n'a pas les clefs pour comprendre le malaise de son enfant. Elle ne peut que la voir sombrer si celle-ci, trop fière, refuse les mains tendues.
« On n'apprend jamais rien à ses enfants. » (p. 200)
« Alors je dois me résoudre à la laisser faire son chemin, frêle et pâle (...). Pour la première fois lui permettre de partir loin de nous' vivre on ne sait quoi. Je ne lui aurai rien appris. Rien n'aura servi à rien. » (p. 201)

Je ne m'attendais pas à ce que la fin apporte sa pierre à l'édifice ** MeToo ** .
Ce n'est pas ce que je retiendrai du livre, même si c'est important, mais tout le reste auquel j'ai pu m'identifier - côté maman désemparée et côté fille qui fait n'importe quoi, indéfiniment.

Intense et bouleversant.

____

agenda2

22 & 23 février

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