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Canel
27 février 2024

~ Le travailleur de la nuit, Matz & Léonard Chemineau

Rue de Sèvres, avril 2017, 136 p.
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♥♥♥♥♥
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Après le légendaire Robin des Bois du Moyen Age et un peu avant le gentleman cambrioleur Arsène Lupin (né sous la plume de Maurice Leblanc en 1905), il y eut l'authentique Alexandre Marius Jacob.
Né en 1879 à Marseille, fils de boulangers modestes, il n'avait rien contre le travail. La preuve : il fut d'abord mousse (et pirate malgré lui) puis apprenti chez un typographe. Dans cet atelier, il fit la connaissance d'un groupe d'anarchistes, rejoignit le mouvement et commença à avoir des idées ingénieuses pour appliquer certaines théories lues chez Élisée Reclus, Pierre Kropotkine et Malatesta.
Plus qu'un moyen de s'enrichir, le vol était pour lui "comme une entreprise de démolition".

L'album s'ouvre sur le procès de cet homme, le 8 mars 1905. Grâce au panache et au répondant de Jacob, ces pages sont un régal.
Ses cibles en font en outre un personnage fort sympathique : "Nous nous attaquons aux exploiteurs et aux parasites : les églises, les juges, les militaires, les rentiers..." (p. 74) et la fin justifie ses moyens : "Je ne vole pas pour vivre comme un bourgeois ou un parasite" (p. 82) - il redistribue.
On jubile de le voir 'gagner'.
On s'émeut lorsqu'il se fait attraper car à cette époque, c'est le bagne, et les espoirs d'en sortir vivant sont minces ("[je] ne fais pas confiance ni aux juges ni à la justice").

Je me suis demandé comment il agirait aujourd'hui (un mélange de Ph. Poutou survitaminé - ah non, pas assez anar', lui - et de hacker ?), car, même si les conditions des salariés et des plus défavorisés se sont améliorées, beaucoup de choses n'ont guère changé :
"Tant que la conscience individuelle des hommes n'aura pas évolué, la volonté de puissance de quelques-uns triomphera." (p. 113)
A titre (plus ou moins) anecdotique, on peut également comparer la gabegie de l'exposition universelle de 1900 à Paris à celle des JO qui se préparent dans cette même ville :
"Une honte nationale (...). Des millions dilapidés pour des pavillons éphémères à la gloire du progrès, mais où l'entrée était si chère que seuls les bourgeois du monde entier pouvaient y aller. Alors qu'à quelques centaines de mètres de là, aux portes de Paris, les gens mouraient de faim et de maladie. (...) de quoi avoir envie de tout casser, de voler encore plus, de piller, de brûler !"
(p. 83)

Merci aux auteurs de m'avoir fait connaître ce personnage haut en couleur. ♥
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