Black Swan, film de Darren Aronofsky
Le Lac des cygnes (titre original russe : Лебединое озеро / Lebedinoïe ozero) est un ballet en quatre actes sur une musique de Piotr Ilitch Tchaïkovski (opus 20) et un livret de Vladimir Begichev inspiré d'une légende allemande (wikipedia).
Quelques mots sur le ballet au centre du film : une jeune fille ensorcelée, métamorphosée en cygne blanc, séduit un prince, par sa grâce, sa douceur, sa modestie. Si cet amour triomphe, le sortilège sera rompu et son apparence féminine lui sera enfin rendue. Las, c'est sa copie conforme, version cygne noir, sensuelle, prédatrice et envoûtante, qui gagne finalement le coeur de l'homme.
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Quoi qu'il en soit, le metteur en scène, ici, Thomas Leroy exige que ces deux prestations antinomiques soient exécutées par la même danseuse.
Nina serait parfaite pour endosser le rôle du cygne blanc, elle incarne à merveille cette virginité, cette pureté. Mais quid du cygne noir ? Perversité et manipulation lui font défaut. Le côté "vierge effarouchée victime", elle maîtrise à la perfection : c'est sa nature, ou plutôt le fruit de son éducation. A trente ans passés, elle vit toujours chez maman et y est traitée comme une enfant. Sa mère prétend avoir mis un terme à sa propre carrière de danseuse en raison de sa grossesse, elle revit ses rêves de gloire par procuration, via sa fille, censée réussir où elle-même a échoué. Castratrice, rigide, elle l'étouffe... La pression est là. Reste donc pour Nina à travailler le rôle du cygne noir à l'extrême, repoussant les limites du raisonnable, jusqu'à l'épuisement, l'aliénation...
Beaucoup de danse classique, bien sûr, et toute sa panoplie : des chignons, des entraînements, des femmes sérieuses, rigoureuses, des tenues rose dragée, du gris perle, du blanc, du crème partout. Sous cet univers de douceur (plumes, froufrous, langueur, tons pastel), des répétitions éreintantes et de solides rivalités féminines pour décrocher LE rôle de la reine des cygnes, attribué par l'énigmatique et exigeant Leroy.
Le film est tour à tour joli et crispant - il s'agit bien d'un thriller et si ce côté tarde à s'installer, la menace qu'on sent planer n'en est que plus pesante. Relations mère-fille effrayantes et délétères, perfectionnisme, auto-destruction aggravée par le stress, ambition et terreur de l'échec, Nina plonge bientôt dans les excès, la folie et/ou la paranoïa et entraîne le spectateur dans ses délires, sa chute vertigineuse. Mais ouf, pour nous, ce n'est qu'un film, on se secoue après presque 2h de malaise, et tout va déjà mieux, d'autant que la fin ouvre la possibilité d'une autre lecture.
Merci, Valérie, pour ce conseil ! Non je ne dirai pas que j'associerai ce film et toi à tout jamais et en garderai un souvenir particulier, vu que... heum, on s'est déjà fait repérer sur le sujet ... et en plus, on est surveillées par nos hommes, qui l'ont vu tous les deux, et ont dû très bien mémoriser ces scènes-là, n'en doutons pas !
Les passages glauques (sang, violence...), pas si fréquents mais particulièrement intenses, risquent de heurter le jeune public. Film à voir pas avant 15-16 ans d'après moi, et encore...
Mr est d'accord sur tout le billet, mais... s'est ennuyé (la danse classique).
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs (dixit Allociné).
- 1h50
Black Swan, film de Darren Aronofsky, thriller, 2010. (dispo en DVD depuis juin 2011)