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Canel
22 novembre 2017

~ Poupée volée, Elena Ferrante

poupée

La Figlia Oscura, 2006
traduit de l'italien par Elsa Damien
Gallimard, 2009, 176 p.
Folio, 7 septembre 2017, 208 p.

♥♥♥♥♥

la figliaLeda, quadragénaire en vacances, assiste à une scène idyllique sur la plage : une jeune et jolie maman et sa petite fille de trois ans jouent à la poupée ensemble, elles sont charmantes.
Leda les observe de loin, à la fois fascinée et agacée par la mère et l'enfant parfaites. Ce spectacle et l'agitation vulgaire de la famille qui accompagne (belle-soeur, beaux-frères, grands-parents, et toute une marmaille mal élevée), la replongent dans sa jeunesse, la confrontent à ses faiblesses de mère, elle dont les filles adultes ont pris leur envol.
Universitaire issue d'un milieu populaire, Leda souffre toujours de ses origines. Elle est devenue épouse et mère trop jeune, alors qu'elle était encore étudiante et espérait échapper à la 'médiocrité' familiale. Elle a étouffé, voulu respirer ; son couple et ses filles en ont pâti...

Cette femme rappelle beaucoup la Lena de L'amie prodigieuse (même auteur) : trajectoire sociale, dureté et éternelle insatisfaction identiques. 
Mais, tandis que Lena m'agace crescendo au fil des épisodes de la série (3/4), cette Leda me touche. Elle peut paraître complètement dingue, perverse, malveillante et dangereuse, mais je me retrouve dans certains de ses sentiments ambivalents et mesquins, de ses comportements les plus vils de 'mauvaise mère' :
« Je voulais être une bonne mère, une mère irréprochable, mais mon corps s'y refusait. Je pensais parfois aux femmes du passé, écrasées par leurs enfants trop nombreux, aux rites qui les aidaient à guérir ou à supprimer les petits les plus démoniaques : les abandonner une nuit seuls dans les bois, par exemple, ou les immerger dans une source d'eau glacée. »
Beaucoup d'idées terribles comme celles-là donnent l'impression d'entendre un cri. Un long cri sur deux cents pages troublantes, envoûtantes, et dérangeantes, parce que les aveux de Leda nous tendent un miroir à peine déformant, un condensé de nos erreurs, de nos faux-pas.

La voix de femme de Leda m'a souvent fait penser à Annie Ernaux ; sa voix de femme, d'universitaire, de mère et de fille à Catherine Cusset.

___

agenda2

21 & 22 nov.

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