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Canel
30 octobre 2019

~ Enfermé.e, Jacques Saussey

enfermée

French Pulp éditions, 2018
sauLe Livre de Poche, 9 octobre 2019, 400 p.

-

« Si je ne peux pas être qui je suis, je préfère être morte plutôt qu'être emprisonnée dans un corps qui n'est pas le mien. »

Emprisonnée, enfermée, Virginie l'est depuis l'enfance : dans son corps de garçon, alors qu'elle se sent fille. Et quand vos parents prennent un tel décalage pour une lubie, qu'ils s'attendent à ce que 'ça passe', quitte à sévir violemment pour vous remettre dans le droit chemin (éventuellement avec l'aide d'un psy), c'est douloureux pour le corps et pour l'âme, surtout. En-dehors de la maison, c'est encore pire avec le harcèlement scolaire, entre 'simples' moqueries et passages à tabac : « Ce besoin de torturer ceux qui ne vous ressemblent pas, ceux dont les moyens de défense sont réduits à l'espoir que les choses changent un jour. »

Virginie connaît ensuite un double enfermement : la prison. Une prison pour hommes, puisqu'officiellement, elle est de sexe masculin.
Et si le milieu carcéral est particulièrement impitoyable et violent, il l'est plus encore pour les 'minorités visibles', notamment les homosexuels et transgenres. On imagine les pires sévices de la part de co-détenus et de matons. Un enfer dont on s'échappe un peu (avec la drogue), ou beaucoup, en se suicidant.

Ce roman est magistral ! ♥
La lecture est douloureuse, on passe de la colère à la nausée, on est souvent triste à hurler, poings serrés, sourcils froncés, certains passages sont insoutenables. J'ai pensé à Meurtres pour rédemption, de Karine Giebel pour la violence carcérale, à En finir avec Eddy Bellegueule pour le calvaire vécu par ceux dont l'identité sexuelle 'dérange'.
Mais surtout, le talent de l'auteur m'évoque celui de Thierry Jonquet, pour la construction de l'intrigue, la richesse des personnages (jamais nommés, habilement désignés par des pseudos ou des fonctions) et la pertinence des propos.
A travers l'histoire cruelle de Virginie, Jacques Saussey nous bouscule et fait réfléchir à la transidentité, à la sexualité en général, au regard de l'autre, aux relations parents-enfants, à la prison et aux Ehpad...

L'ouvrage commence comme un roman noir, il le reste, mais se double d'une intrigue 'policière' troublante en huis clos qui évoque une ambiance Cluedo, Agatha Christie…

Passionnant et bouleversant ! Les explications de l'auteur en fin d'ouvrage rendent l'histoire de Virginie encore plus poignante, alors qu'on pense avoir atteint des sommets et être passé par toutes sortes d'émotions.

Bravo et merci à l'auteur pour son intelligence et sa sensibilité.  

___

agenda2

 28 > 30 oct.

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Commentaires
G
Il a l'air très noir, il va falloir trouver le bon moment pour le lire
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G
Je pense que ce roman serait trop douloureux à lire pour moi, je n'ai pas envie d'être remuée à ce point, d'après ce que je lis dans ton billet !
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S
Je note ! merci pour l'idée, aussi bien que du Giebel ?
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Z
Boudiou, quel livre !
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Z
Je viens de finir Un appartement sur Uranus de Paul B. Preciado pile dans cette thématique donc je ne suis pas sûre de vouloir enchainer avec celui-ci (j'ai préféré The Testaments de Atwood, mais on est au final pas si éloigné). Mais vu ton coup de coeur, je le note pour plus tard.
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