~ Le coeur battant de nos mères, Brit Bennett
The Mothers, 2016
traduit de l'anglais (US) par Jean Esch
éditions Autrement, 2017
J'ai Lu, 22 août 2018, 380 p.
♥♥♥♥♥
Titre en VO : The Mothers.
Des mères trop présentes : deux par leur absence obsédante, une par son côté intrusif. Et toutes ces vieilles bigotes, autour, auxquelles rien n'échappe...
Vu de ma zone urbaine où l'on peut rester relativement anonyme, j'ai eu l'impression de revenir au moins quarante ans en arrière, avec ces histoires croisées de trois jeunes gens appartenant à une communauté religieuse noire.
La couleur de peau reste déterminante, même sous l'ère Obama :
« Les jeunes Blancs intrépides finissaient politiciens ou banquiers, les jeunes Noirs finissaient à la morgue. »
A Oceanside, tout le monde se connaît, s'épie, s'entraide, se juge. Et le pire du pire : tout gravite autour du pasteur, de son épouse et de la religion. Les femmes semblent uniquement occupées par leurs activités de dames patronnesses.
Ce milieu clos et étouffant est assurément trop étroit pour Nadia, adolescente indépendante et brillante.
Brit Bennett est une jeune auteur afro-américaine que j'ai découverte, admirative, avec 'L'autre moitié de soi'. Son talent se confirme dans ce roman, son premier. Beaucoup de subtilité pour décrire les tourments de l'amitié et de l'amour, mais aussi la jalousie, les relations familiales, la culpabilité, la résilience, la féminité, les choix de vie.
L'ambiance m'a rappelé Arrive un vagabond (Robert Goolrick), et la pertinence des réflexions me fait penser au talent de Silvia Avallone (notamment dans La vie parfaite) et à la plume délicieuse d'Alison Lurie.
Des phrases comme celles-ci, j'admire et m'y arrête :
« Maintenant, elle est adulte, du moins elle le pense. Mais elle n'a pas encore appris les mathématiques du chagrin. le poids de ce qui a été perdu pèse toujours plus lourd que ce qui reste. »
Beau, poignant, sensible, intelligent.
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8 > 13 mai