~ Indian Blues, Sherman Alexie
Totalement enthousiaste après la lecture de Le premier qui pleure a perdu, roman jeunesse de Sherman Alexie, j'étais impatiente de connaître ses textes pour adultes. Bon, cela m'étonnerait que je renouvelle l'expérience de sitôt.
Les conditions de vie dans les réserves indiennes contemporaines (pauvreté, alcoolisme, ségrégation... dégâts de la colonisation, en clair), cela m'intéresse beaucoup. Les personnages hauts en couleur, déjantés, losers, j'adopte avec plaisir aussi, surtout s'ils ont une touche "Steinbeck" - cf. Rue de la Sardine et Tendre Jeudi - dans leurs délires et leurs relations. L'humour aussi, j'adore, et le récit n'en manque pas.
Mais, là où le bât a blessé : un joyeux/confus mélange entre légende et réalité, entre vivants éveillés, vivants rêvant/cauchemardant, et morts-vivants... Aventures loufoques et surtout redondantes, donc lassantes. J'avoue m'être perdue, ennuyée, avoir souvent décroché. Même si je me réveillais de temps en temps pour m'émouvoir, mais aussi sourire et rire, me régalant notamment de l'évolution de la "carrière" des Coyote Springs vue par les journalistes.
Conseil de Jérôme (je n'en tiendrai pas rigueur, non, non ).
11/20 - lecture poussive entre 12 et 15 février
Indian Blues, Sherman Alexie, Editions 10/18, domaine Etranger, avril 1999, 303 p.
Lecture commune avec Tiphanie - merci à toi ! sans ce rendez-vous, j'aurais abandonné assez vite, je pense.
EXTRAITS :
► Nous étions tous les deux à Wounded Knee quand les Danseurs des Esprits ont été massacrés. Nous avons été massacrés à Wounded Knee. Je sais qu'il s'agissait d'une autre tribu, et que ce n'étaient ni des Spokanes ni des Flatheads, mais d'une manière ou d'une autre, nous étions présents. C'est le sang de tous les Indiens qui coulait dans la neige. Les soldats nous ont tués au nom de Dieu, pas vrai ? Ils criaient "Jésus-Christ" en nous plongeant leurs sabres dans les entrailles. Tu ne sens pas encore la douleur la nuit quand tu essayes de dormir, quand [toi, Indienne] tu pries un Dieu dont on a utilisé le nom pour justifier le carnage ? (p. 170)
► " Je suis ton premier [amant] indien ? demanda Junior à Betty.
- Non.
- T'en as eu combien ?
- Quelques uns.
- C'est combien quelques uns ?
- Environ cinq ou six, je suppose.
- Tu supposes ?
- C'est-à-dire que certains n'étaient qu'en partie indiens, répondit Betty.
- Bon Dieu ! et quelle partie était indienne ? "
(p. 50)
► Quoique conscient du manque d'amour dans le monde, il se sentait d'accord avec elle. Il se demandait si on devait célébrer l'amour partout où on le trouvait, puisqu'il était si rare. Il s'inquiétait des enfants nés de mariages mixtes [entre Indien(ne)s et blanc(he)s]. A l'école de la réserve, les sang-mêlé recevaient des corrections encore pires que les siennes. (p. 89)
Challenge Amérindiens de Lili (la Petite marchande de Prose)