~ Les petites filles, Julie Ewa
Albin Michel, 2016
Le Livre de Poche, 8 février 2017, 480 p.
« Son père voulait la pendre ou la noyer.
Un seul enfant par foyer.
Il voulait un garçon, mais sa connasse de femme a fait le taf qu'à moitié.
A la campagne on a besoin d'homme fort pour travailler,
Pas d'une bouche à nourrir,
Pas d'une pisseuse bonne qu'à chialer.
C'est presque impossible de vivre à trois.
Une fille unique, c'est perdre son nom de famille,
C'est la honte pour un villageois.
Qu'est-ce qu'il pouvait faire d'un déchet humain ?
Lui éclater le crâne entre deux pierres, l'enterrer à côté du chien... » *
J'emprunte ces paroles au rappeur Orelsan, cité par l'auteur de ce roman aussi noir que documenté. Autour d'une construction très classique pour un polar, Julie Ewa informe et bouleverse son lecteur. A travers les voix de deux Français oeuvrant pour une ONG, celles d'un moine bouddhiste et de quelques habitants d'un village reculé du Guangxi, on apprend beaucoup sur la Chine des trente dernières années, sur la politique de l'enfant unique en particulier et ses conséquences catastrophiques pour les filles... et leurs mères qui les aiment.
Si on soupçonne l'auteur d'en rajouter pour faire pleurer dans les chaumières, on peut découvrir les ouvrages de Xinran (notamment Messages de mères inconnues), une journaliste que Julie Ewa cite à plusieurs reprises. Pour (ré)apprendre que le bienheureux Occidental s'équipe à pas cher grâce aux petites mains d'Asie ou d'Afrique, on peut aussi lire La fabrique du monde de Sophie van der Linden...
Les petites filles a reçu en 2016 le 'Prix du Polar historique'.
C'est amplement mérité ! ♥
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3 > 5 juin - merci les 3 M ! 🎁 😘
💀 challenge polars & thrillers 2016-2017 chez Sharon - 44e 💀