~ Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan
Après Jours sans faim dans lequel elle évoquait ses troubles alimentaires adolescents, puis Les heures souterraines sur la souffrance au travail, Delphine de Vigan reste dans "l'auto-fiction", s'attachant cette fois à sa mère, sa filiation, sa famille. Une famille "Ricoré" qui, sous le vernis, cache des épisodes peu glorieux, des blessures, des drames, tus ou revisités en une "mythologie" familiale, comme partout. Beaucoup de personnages en grande souffrance dans la généalogie de l'auteur, pour lesquels la narration, orale ou écrite, tient une place importante.
Je trouve la plume et les propos de Delphine de Vigan de plus en plus brillants, de plus en plus aboutis, "osés" (dans le sens le plus noble du terme) au fil de son oeuvre. Voici une confession sans fard mais sans exhibitionnisme, un travail approfondi qu'on imagine particulièrement éprouvant. Les thèmes (ambivalence de l'amour parental, mort des proches, maladie mentale) captivent, émeuvent, bouleversent le lecteur, quels que soient les échos rencontrés...
J'ai retrouvé avec émotion et admiration des accents d'Annie Ernaux, de Catherine Cusset, d'Emmanuel Carrère et de Marie Sizun, dans ce qu'ils offrent de meilleur... Et aussi un soupçon de Justine Lévy et d'Alexandre Jardin dans ce qui peut m'agacer (les excès ? les côtés flambeur et fantasque de certains personnages ?) mais peu importe. Les cent et quelques dernières pages ont effacé tout scepticisme, toute réserve, me ballottant sans cesse entre renaissance, cris de souffrance et espoir.
Clara et la libraire m'avaient prévenue : c'est un livre "choc", intense, douloureux.
Rien ne s'oppose à la nuit, Delphine de Vigan, JC Lattès, 17 août 2011, 400 p.
Challenge 1% de la Rentrée Littéraire 2011 chez Herisson - 3/7
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Delphine de Vigan viendra parler de cet ouvrage à la Librairie Coiffard, à Nantes, le 13 octobre en soirée.
J'avais déjà beaucoup apprécié la rencontre autour du roman Les heures souterraines.