
Le lecteur entre d'abord très peu dans ces vies, il les entrevoit par quelques zooms sur des instants, des petits rituels. Le thé, les dés, les cigarettes, les gentilles boutades, la montre avec laquelle chacun dort à tour de rôle. Très peu d'événements, surtout des moments répétés, routiniers, ceux qui donnent des repères à ces soldats, les rassurent et leur apportent un peu de confort dans le chaos. Autant d'instantanés qui ne font qu'esquisser les protagonistes, et évoquent au lecteur des images, des sensations (le froid, la peur), une atmosphère. Ceci jusqu'à l'arrivée de l'écriture dans le quotidien de ces soldats illettrés, qui va donner de l'importance à des petits riens - et qui m'a réveillée.
Impressions post-lecture très difficiles à définir. L'ennui a dominé sur une longue première partie, laissant place trop tardivement à l'émotion. De jolis sentiments - solidarité, respect - entre ces hommes rudes et réservés que rien ne prédisposait à vivre ensemble. De beaux moments émouvants avec le réconfort que procure la montre (présence maternelle/féminine) et la magie de l'écriture.
Les phrases et les chapitres sont très brefs. La plume est "aérienne" mais paradoxalement pesante (redondante, longtemps insaisissable)… C'est sensible et subtil. Mais on peut garder une impression de superficialité si l'on bute sur le style, ce qui fut mon cas sur les deux premiers tiers.
Je n'ai guère envie de relire cet auteur, j'avais pourtant noté Un repas en hiver au vu des avis positifs sur la blogo et Babelio.
L'avis de Mr.


Quatre soldats, Hubert Mingarelli, Seuil, Points, mai 2004, 208 p.
Essaie peut-être "La dernière neige".
L'auteur pose les mots, il faut juste les attraper.