~ Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka
Malgré son titre romantico-neuneu, ce livre est une description sombre de destins de femmes japonaises émigrées dans les années 1920 aux Etats-Unis.
Elles avaient entre douze et trente-sept ans, elles ont quitté le Japon pour un avenir doré (ou moins gris), poussées par leurs parents espérant pour leur fille une vie moins dure, ou une dot pour eux-mêmes.
Hélas ! Si l'Amérique faisait rêver de loin, elle était beaucoup moins accueillante au début du XXe siècle vis à vis des étrangers qu'on ne peut l'imaginer. Sitôt leur arrivée, les jeunes filles déchantèrent sur le mari qui les attendait, et se retrouvèrent à trimer dans les champs à leur côté. Leur sort et leur mise à l'écart étaient le lot "des gens de couleur" et ressemblaient fortement à ceux des Noirs.
La forme du récit peut dérouter : la narratrice s'exprime à la première ou à la troisième personne du pluriel, égrenant ainsi les différents sorts (interchangeables) que ces femmes ont connu dans les étapes de leur vie : traversée, première nuit d'épouse, travail, maternité, etc. Ce style rend parfois la lecture lassante, des coupures s'imposent pour ne pas avoir l'impression de dérouler une liste. Mais cela donne un excellent aperçu en concentré de l'accueil reçu par les Japonais aux USA et de leur difficile intégration.
Encore une fois, je déplore ce titre gentillet qui ne rend pas du tout justice au contenu édifiant et révoltant de l'ouvrage...
Une jolie découverte que je dois à ELLE qui l'envoie au 'Jury de janvier' dans le cadre du Prix des Lectrices - merci !
+ + + = 16/20 - 30/09/12 - tentation initiale chez Babelio
Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka, Phébus Editions, 30 août 2012, 144 p.